LES
COMMENCEMENTS
Le
1er octobre 1966, une petite 2 CV franchit le portail du 35,
rue Pétrie à Croixrault (Somme). A son bord,
un moine de l'Abbaye Saint-Paul de Wisques, le Père
Henri Guilluy, et une amie oblate du monastère, qui
va mettre ses forces et ses ressources au service de l'oeuvre.
Bientôt ils seront rejoints par un jeune Père
très handicapé, et par un Novice de la même
Abbaye.
Dans
la plus grande simplicité, la fondation de "Croixrault"
vient de commencer.
Le Père Guilluy en est sûr : ici s'accomplit
la volonté du Seigneur. En effet le projet a eu le
temps de mûrir. Trois années ont passé
depuis que le Père a fait part de son intuition à
son Abbé. Un séjour dans un Prieuré bénédictin
de Martinique l'a mis providentiellement en contact avec une
forme de vie monastique plus simple. Et aujourd'hui, tout
se fait avec la permission formelle des Supérieurs.
La
maison de Croixrault est mise à sa disposition par
l'Evêque d'Amiens, Monseigneur Leuliet, connu depuis
longtemps. Cette propriété ne manque pas d'agrément
: presque un hectare de terrain, et, derrière, des
bois et des champs... En ce 1er octobre 1966, elle devient
le "Prieuré Notre-Dame d'Espérance".
Objectif
du fondateur : simplement mettre à la portée
des malades, des faibles, des petits, cette vie monastique
bénédictine qu'il a connue pendant trente ans,
leur transmettre ce qu'il a reçu de ses maîtres:
en particulier Dom Savaton, le Père vénéré,
et à travers lui Dom Delatte.
Il
est d'expérience que de nombreuses personnes, désireuses
de mener la vie monastique, ne peuvent réaliser leur
voeu par suite d'un handicap de santé. Le Père
Guilluy, qui a exercé la charge de Maître des
Novices, s'est heurté à cette difficulté.
Le
Prieuré Notre-Dame d'Espérance devra donc permettre
aux hommes MALADES, HANDICAPÉS ou de FAIBLE SANTE de
devenir MOINES A PART ENTIÈRE, en suivant la règle
de Saint Benoît dans la mesure qui leur est possible.
Seuls sont exceptés les malades mentaux non stabilisés par un traitement approprié, et les grabataires.
L'expérience
va prouver que l'intuition était juste : les vocations
vont venir. Rapidement, il apparaît que la fondation
nouvelle répond, dans l'Eglise, à un besoin
auquel aucun Institut jusqu'ici ne pouvait répondre
pleinement, sous peine de s'éloigner de son observance
propre.
"Croixrault"
va donc rapidement grandir. Des cellules, un réfectoire,
une chapelle sortent de terre. Des ateliers d'artisanat s'organisent
: émaux, étains, icônes (collages), statues
de pierre reconstituée.
Les
frères deviennent plus nombreux.
Aussi
va-t-on rapidement fonder plusieurs autres communautés.
Ce
développement s'accompagne de la reconnaissance officielle
par l'Etat (1977), et par l'Église : d'abord "Pieuse
Union", Notre-Dame d'Espérance est érigée
en Congrégation Diocésaine par Monseigneur l'Evêque
d'Amiens le 2 février 1984, puis Associée à
l'Ordre bénédictin le 29 septembre 1990.
La
Congrégation compte actuellement 12 monastères.
En
conclusion, laissons la parole à notre Père
fondateur : "Puissent les handicapés, désireux
de mener la vie monastique, connaître Notre-Dame d'Espérance,
et avoir le courage d'y consacrer leur vie pour leur perfection
et le salut de leurs frères ! Puisse aussi la prière
de tous attirer sur la Congrégation la faveur du mérite
et du nombre, afin que, comme le souhaite Saint Benoît,
Dieu soit en tout glorifié"
